Le télétravail s’est largement développé depuis la pandémie de COVID-19, devenant une pratique courante pour de nombreuses entreprises. En 2023, 33,5 % des salariés français travaillaient à domicile au moins de manière occasionnelle, selon Statista. Une nouvelle organisation qui apporte plus de flexibilité et d’autonomie aux employés, mais pose des questions de cybersécurité.
En effet, les réseaux domestiques, souvent moins protégés que ceux des entreprises, exposent davantage les systèmes aux cyberattaques.
Comment sécuriser le télétravail et garantir la protection des données échangées à distance ? Quels sont les outils et stratégies à mettre en place ? Explication.
Le télétravail en première ligne des cyberattaques
Le passage au télétravail a ouvert de nouvelles failles dans la sécurité des entreprises, rendant celles-ci plus vulnérables aux cyberattaques ciblant des environnements domestiques souvent mal protégés.
En cause, le comportement des télétravailleurs eux-mêmes, qui manquent de formation et de connaissances sur les bonnes pratiques de cybersécurité. Selon SoSafe, les employés travaillant depuis leur domicile cliquent trois fois plus souvent sur des emails de phishing que leurs homologues en entreprise.
Un constat également partagé par l’étude d’Apricorn, qui révèle que 63 % des décideurs en sécurité IT s’attendent à ce que les travailleurs mobiles ou distants exposent leurs entreprises à des risques de fuites de données.
Plus grave encore, 55 % des employés en télétravail ont admis avoir sciemment mis en danger des informations sensibles de leur organisation.
Si le manque de sensibilisation des employés est évident, les entreprises doivent également investir dans des équipements de cybersécurité.
En effet, 73 % des télétravailleurs manquent des compétences ainsi que des outils nécessaires pour assurer une protection efficace des données.
En parallèle, les outils collaboratifs tels que Zoom ou Slack, devenus indispensables, se sont également révélés être des cibles privilégiées pour les cyberattaques.
L’exemple le plus marquant reste la brèche de sécurité survenue chez Zoom en 2020. Avec la forte hausse de son utilisation due aux confinements, la plateforme a subi plusieurs incidents, dont un particulièrement grave.
Plus de 500 millions d’identifiants et de mots de passe d’utilisateurs ont été compromis, donnant aux cybercriminels un accès potentiel à des informations sensibles échangées lors de réunions virtuelles.
En réaction, de nombreuses entreprises ont temporairement banni l’utilisation de Zoom, cherchant des alternatives plus sécurisées.
Des conséquences lourdes pour les entreprises
Pour les entreprises, un environnement de télétravail mal sécurisé peut entraîner de sérieux impacts sur l’activité.
- Exposition aux cyberattaques : Les employés peuvent, sans le savoir, faciliter des attaques de phishing. Ils peuvent également permettre l’installation de ransomwares, ou exposer le réseau de l’entreprise à des intrusions extérieures.
- Compromission des données sensibles : Une connexion non sécurisée peut conduire à des fuites d’informations confidentielles. Cela inclut les données personnelles des clients, mais aussi les brevets, plans commerciaux ou informations financières de l’entreprise
- Perturbations des opérations commerciales : Les cyberattaques ou les fuites de données peuvent entraîner des interruptions. Cela se traduit par une réduction de la productivité ou des retards dans la livraison des services ou des produits.
- Coûts financiers élevés : Les conséquences financières ne se limitent pas à l’arrêt de l’activité. Elles peuvent inclure les coûts de remédiation des systèmes, les amendes imposées pour non-conformité aux règlements de protection des données.
- Réputation endommagée : Une sécurité défaillante peut éroder la confiance que clients et partenaires placent dans l’entreprise. Cela peut diminuer les perspectives commerciales et affecter durablement la position de l’entreprise sur le marché.
- Conséquences légales : Les failles de sécurité peuvent également conduire à des complications juridiques, surtout si des données personnelles sont impliquées. Les entreprises doivent alors faire face à des procédures légales coûteuses, à des amendes, et à des sanctions qui peuvent être imposées par les autorités de régulation.
Quelles sont les cyberattaques les plus courantes en télétravail ?
1. Phishing
Le phishing est une méthode de cyberattaque où des criminels envoient des emails, messages ou SMS en se faisant passer pour des sources légitimes (comme des collègues, des entreprises ou des services de confiance).
Leur objectif est de tromper les victimes pour qu’elles cliquent sur des liens malveillants ou partagent des informations sensibles, comme des mots de passe ou des données bancaires. Ces messages peuvent contenir des pièces jointes infectées ou rediriger vers des sites frauduleux qui installent des malwares.
Souvent, le phishing joue sur l’urgence ou la peur pour pousser les victimes à réagir rapidement sans vérifier l’authenticité du message.
2. Ransomware
Le ransomware est un type de malware qui chiffre les fichiers d’une victime, rendant ces fichiers inaccessibles. Les cybercriminels exigent ensuite une rançon en échange d’une clé de déchiffrement.
Ces attaques peuvent être particulièrement dangereuses pour les télétravailleurs qui ne se connectent pas à des réseaux sécurisés ou qui ne font pas de sauvegardes régulières.
Le ransomware est souvent distribué via des fichiers infectés ou des emails de phishing. Une fois activé, il peut rapidement contaminer d’autres appareils sur des réseaux non protégés ou des systèmes de stockage connectés.
3. Attaques par force brute
Les attaques par force brute visent à deviner des mots de passe en testant un grand nombre de combinaisons de manière automatisée. Elles peuvent être exhaustives, essayant chaque possibilité, ou utiliser des listes de mots de passe courants, appelées attaques par dictionnaire.
Pour les télétravailleurs, cette méthode représente un risque majeur, surtout lors de connexions à distance sans protections renforcées. L’usage de mots de passe courts, simples ou réutilisés les rend particulièrement vulnérables.
Les cybercriminels combinent souvent ces attaques avec des bases de données de mots de passe volés lors de violations précédentes. Ils pratiquent alors le credential stuffing, qui consiste à tester des identifiants volés sur différents sites pour accéder à d’autres comptes.
4. Man-in-the-Middle (MitM)
Les attaques Man-in-the-Middle (MitM) se produisent lorsque des cybercriminels interceptent les communications entre deux parties.
L’attaquant s’interpose entre l’utilisateur et le réseau pour voler des données sensibles : identifiants, informations financières ou données d’entreprise. Les victimes ne s’en aperçoivent généralement pas.
Ces attaques sont particulièrement risquées pour les télétravailleurs utilisant des réseaux Wi-Fi non sécurisés (comme ceux des cafés, hôtels ou espaces publics).
Les réseaux Wi-Fi publics sont vulnérables car ils manquent souvent de chiffrement. Les cybercriminels utilisent des outils comme les « packet sniffers » pour surveiller et capturer le trafic. Une méthode courante dans ces attaques est le spoofing d’adresse MAC. L’attaquant se fait passer pour un point d’accès Wi-Fi légitime afin de tromper les utilisateurs et capturer leurs connexions.
Quelles solutions pour sécuriser le télétravail ?
Avoir une politique d’équipement et de sécurité
Pour renforcer la cybersécurité en télétravail, les entreprises doivent d’abord fournir à leurs employés du matériel sécurisé et veiller à le maintenir à jour. En utilisant des appareils gérés par l’entreprise, elles peuvent mieux contrôler les risques en intégrant des solutions de protection comme des antivirus et des pare-feu.
Ces équipements permettent aux équipes IT de réagir rapidement en déployant des mises à jour dès qu’une faille est identifiée. Cela garantit que les systèmes d’exploitation et applications des télétravailleurs restent protégés en permanence.
En complément, les entreprises peuvent segmenter le réseau pour limiter l’accès aux différentes parties du système. Cela réduit les chances qu’un attaquant se déplace latéralement après une intrusion. Des audits de sécurité réguliers aident également à identifier les failles et à les corriger avant qu’elles ne soient exploitées.Utiliser des gestionnaires de mots de passe
Dans un environnement professionnel, les employés gèrent souvent des dizaines de comptes, et la tentation d’utiliser un mot de passe simple ou réutilisé est grande. C’est là que le gestionnaire de mots de passe intervient. Il stocke les informations de connexion de manière chiffrée et sécurisée, ce qui dispense l’utilisateur de retenir chaque mot de passe individuellement.
Cette approche réduit considérablement les vulnérabilités associées à la mauvaise gestion des identifiants. En effet, une seule faille peut compromettre l’intégrité de plusieurs comptes si des mots de passe sont réutilisés.
De plus, le gestionnaire peut générer automatiquement des mots de passe complexes, que l’utilisateur n’aura pas besoin de mémoriser.
L’utilisation d’un gestionnaire de mots de passe peut également être renforcée par l’implémentation de l’authentification multi-facteurs (MFA).
Le MFA exige une preuve d’identité supplémentaire, en plus du mot de passe, pour accéder à un compte. Il peut s’agir d’un code envoyé par SMS, d’une application d’authentification ou même d’une empreinte digitale. En ajoutant cette seconde couche de vérification, même si un mot de passe est compromis, l’accès reste bloqué sans la seconde validation.
Utiliser un VPN
Utiliser un VPN (réseau privé virtuel) est une méthode efficace pour sécuriser les connexions internet, surtout en télétravail. Un VPN crée un tunnel chiffré entre l’appareil de l’utilisateur et un serveur distant, utilisant des protocoles comme IPsec ou SSL/TLS. Cela masque l’adresse IP de l’utilisateur vis-à-vis des sites ou services externes et protège les communications. Une méthode particulièrement efficace sur des réseaux non sécurisés comme le Wi-Fi public.
Sans ce type de protection, les télétravailleurs risquent d’exposer leurs données à des attaques, notamment les interceptions de type Man-in-the-Middle (MitM).
En plus de protéger les données, le VPN peut également permettre de contourner les restrictions géographiques, assurant aux employés un accès ininterrompu aux outils de l’entreprise, peu importe leur localisation.
L’essentiel
La montée du télétravail a profondément changé les pratiques professionnelles apportant de nouveaux défis en matière de cybersécurité. Les réseaux domestiques et l’utilisation accrue d’outils collaboratifs ont ouvert la porte à des risques plus élevés d’attaques. Cependant, ces menaces ne sont pas insurmontables. Avec des stratégies adaptées, comme l’adoption de VPN, l’authentification multi-facteurs, des gestionnaires de mots de passe, et des audits de sécurité réguliers, les entreprises peuvent considérablement réduire leur exposition aux cyberattaques.
L’enjeu est double : protéger les systèmes internes tout en sensibilisant les employés aux bonnes pratiques. Les solutions existent, mais leur mise en place et leur gestion continue sont indispensables pour garantir la sécurité des informations sensibles.